Légende

Le Gobie Bleu - HiSTOiRE et LÉGENDE




Dans l’antiquité,
le Gobie Bleu proliférait en méditérranée. Il se nourrissait essentiellement de murex, le fameux bigorneau à trois cornes qui fut exploité pour sa substance ocre rouge, et qui fit les beaux jours des teintureries égyptiennes, grecques puis romaines tout autour de la méditerranée; et notamment sur les rives du Maghreb et en particulier vers la fin de cette industrie, il y a quelque deux mille ans, à La Seyne sur Mer et à Toulon, appelé alors Telo Martius.

Ce fameux Gobie Bleu
est doté de magnifiques yeux ocre-rouge et d’un corps d’un bleu pouvant varier du marine au turquoise. À l’origine il s’agissait d’un cas rare d’albinisme:
il est passé du blanc au bleu à force de se nourrir de murex et sous l’effet de sa glande endocrine, la méthylanine, située entre ses ouïes.

Cette variété de gobiidée,
parmi la soixantaine d’espèces répertoriées, a quasiment disparu avec la fin de l’exploitation du murex.
Buffon, le célèbre naturaliste, a inventorié le gobie bleu sur la côte orientale africaine en 1741.
Il n’est cependant pas improbable que le rare et cher petit poisson ait pû s’adapter et puisse se trouver encore de nos jours dans des endroits comme notre Rade où le murex fut ardemment concassé.
En attendant qu’un gobie bleu nous rende son espèce à l’Évidence, en se présentant à nos regards avides, il y a une légende qui ressort de ces faits et hypothèses; légende, car pour l’heure trop peu de témoignages confirment les rumeurs selon lesquelles:

- quiconque voit de ses propres yeux
le fameux gobie bleu, s’en trouverait à jamais heureux ainsi que sa descendance...

- quiconque parvient à lui toucher un peu la queue
s’en trouverait pour toujours amoureux permanent et sage...

- mais par contre,
ceux qui en auraient consommé* en seraient devenus gaga...

*comme il est coutume de le faire en soupe et sans risques avec toutes les autres espèces de gobies et autres poissons de roche.
"Gobie" écrit sans “e”, en provençal.
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Le Gobie Bleu - LA GENÈSE

1) C’est d’abord le titre d’une chanson
composée par Gérard Rinaldi alias Tonton Dgé, en 2001 et qui donne le sens emblématique
à l’histoire légendifiée du Gobie Bleu:
“Le Gobie Bleu est l’emblème de notre culture littorale méditerranéenne et l’emblème d’un bonheur fondé sur les valeurs de respect, d’équilibre écologique, de caractère identitaire, mais aussi d’humour, d’amour et de poèsie... Il est fait pour devenir l’emblème de la ville, de sa convivialité !”

2) C’est ensuite un reportage documentaire
à épisodes réalisés dans le cadre du Magazine Vidéo “Le Seynois” produit par l’association “Les Ateliers de l’Image”. À ce jour, 5 épisodes ont été réalisés, un 6ème est en cours de réalisation...

3) C’est aussi une fête populaire
lancée culturellement et commercialement en juin 2008 à La Seyne sur Mer, par Tonton Dgé, Nicky - www.LaSeyne.Info et Jean-Bern’Arts avec les commerçants, écoles, associations ... seynois.
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"Dessine moi un Poisson" par Louis VAISSE

Super, j’étais seul..
Seul à La Verne, la petite plage de galets que j’aimais fréquenter.
Il faut dire que la « saison », comme on dit, était largement finie.
Presque tous retournés dans le Nord, les touristes laissaient la côte libre,
surtout les endroits où les rochers risquaient de leur abîmer les petons. Et,
dans la semaine, les "locaux " étaient au boulot.

Il faisait si chaud que tous comptes faits j’avais décidé de mettre les pieds
dans l’eau.Le dos appuyé à un rocher, histoire de cultiver le coup de soleil
que je trimbalais depuis la fin Aout, mon livre appuyé sur mes genoux repliés.
Les vaguelettes me chatouillaient le dessus des pieds.J’étais perdu dans mon
livre, m’imaginant comme d’habitude à la place du héros, qui, sur la page que
je parcourrais, ne faisait pourtant pas grand-chose d’intéressant. Pour tout
dire, il m’ennuyait un peu, voire beaucoup, et j’avais du mal à rester concentré.
Décidemment, Mickael Wallback, c’était duraille (*)

Une chatouille plus prononcée que les autres me fit jeter un regard entre mes pieds.
Et j’y vis un genre de poisson avec une tête assez bizarre, et surtout une couleur
étonnante : je regardais un poisson ...bleu ! Encore plus étonnant, il avait les
yeux rouges !
Des yeux qui d’ailleurs, comme le dessus de sa tête, était hors de l’eau. C‘était ses
nageoires latérales qui me chatouillaient les pieds. Normalement, j’aurais du faire un
bond. Mais je suis resté tranquillement assis : il avait rien du requin, mon poisson.
A peine une vingtaine de centimètres ? En fait, je me demandais s’il n’était pas
en train de s’échouer, comme les baleines qui perdent le nord.

D’ailleurs, je lui posai carrément la question :
« Tu vas te noyer, là, non ? ce serait con pour un poisson ! ». J’ai l’habitude de parler
aux bêtes. Aux chats, aux chiens, aux oiseaux. En règle générale, ils me regardent,
ont l’air d’écouter poliment, et surtout, surtout, ils ne me contredisent jamais !
Ben celui là, il m’a répondu...

« Non, ça va. Après tout, tu as les pieds dans l’eau, toi ? Pourquoi je n’aurais pas la
tête dans l’air ? »
Un peu étonné quand même, j’ai décidé de me payer un peu sa tête.
« Dis donc, t’as fumé quoi, pour avoir les yeux si rouges ? du varech de Mauritanie ? de la posidonie martiniquaise ? »
Sans se démonter, il s’est payé la mienne
« Pourquoi j’aurais pas la peau bleue et les yeux rouges ? Tu t’es vu, toi ? t’as les
yeux bleus, mais tout le reste est rouge ! »
C’était vrai qu’avec mon coup de soleil, encore aggravé par le séjour de la journée,
je ressemblais à un homard après cuisson.
« Dis donc, tu parles bien. Remarque c’est normal : tu m’as tout l’air d’être une baboite ! »
Baboite, c’est le nom que l’on donne chez nous à des poissons de roche, qui ont presque
toujours la bouche ouverte. D’où le surnom de baboite donnée du coup aux gens qui parlent même quand ils n’ont rien à dire.

« Que nenni » me rétorque le poisson « je suis un gobi... LE gobi... le gobi bleu, évidemment »
« Ah, désolé... je ne savais pas q’il existait des gobi au sang bleu..tu es donc le roi du peuple poissonnier ? »
« On peut dire ça, oui... LE GOBI BLEU.. c‘est moi ! »
« Mais pourquoi t’es bleu ?? Y a des schtroumpfs même chez les poissons ?? »
J’ai eu l’impression qu’il souriait.
« Tu n’as jamais entendu parler du gobi bleu ??? »
« Ben non... je connais la sardine qui a bloqué le port de Marseille... je connais les sirènes.. on m’a parlé de la fameuse sirène des Chantiers.. j’ai entendu parler des requins bleus.. mais le gobi bleu, non !! »
« Tu as été élevé à la play station .. au Goldorak animé...T’as pas eu de grand père pour te raconter des histoires... »

Je ne savais pas trop quoi dire, pour une fois. Il avait raison, le gobi. J’avais passé plus
de temps devant des jeux vidéos qu’à lire des légendes. Même si j’ai essayé de rattraper un peu, depuis...
Il a ajouté :
« S’il te plait... dessine moi un poisson »
Ca m’a estomaqué pour de bon... il me prenait pour un peintre ?
« J’ai pas de crayon.. et même pas de papier.. » lui ai-je répondu
Il a ri, comme peut rire un poisson, je suppose. Je ne voyais pas bien pourquoi... et je ne comprenais pas bien son histoire de dessiner un poisson....

Il a soupiré. Et m’a dit :
« Bon.. c’est pas grave... mais promets moi de te souvenir de ca :
« s’il te plait, dessine moi un poisson ! ». D’accord ? »
« si tu veux ... mais c’est pas facile à placer dans la conversation ?? »
Il a soupiré à nouveau.. Comme peut soupirer un gobi ? Et en guise d’adieu a ajouté
« Tu y arriveras.. Allez, on m’attend aux Deux Frères, j’ai rendez vous avec la fée Clochette et le Petit Prince »
« Ce sont des poissons ?? »
Il a plus rien dit, m’a tourné...le dos ???

J’ai tendu la main, j’ai à peine eu le temps de caresser son dos, de la nageoire à la queue. Il a disparu,
j’ai voulu me pencher, et je me suis retrouvé la main dans la flotte.Ca m’a réveillé : je suppose que j’avais
dormi quelques instants, que j’étais parti vers l’avant, et que dans mon demi sommeil j’avais jeté la main devant moi ?
Mon livre, lui, était tombé entre mes deux pieds.
Je l’ai récupéré en râlant, et j’ai décidé qu’il était temps de rentrer à la maison.

En repartant, à l’entrée de la plage, je l’ai vu.
Qu’elle était belle, dans la lumière du soir...
Elle était en jeans, mais pas bleus. Marron. et une chemisette jaune. De bleu, elle n’avait rien. Même pas les yeux, qui regardaient la pinède..... Ses yeux étaient verts.. Verts d'eau...et je m'y suis évidemment noyé. Noyé dans un vert d'eau, ca ne pouvait arriver qu'à moi.
Je me suis arrêté à sa hauteur. Elle était assise, un carton à dessin sur ses genoux. Elle dessinait les pins.
Elle avait l’air concentrée, les sourcils froncés. Je me suis demandé comment l’aborder, sans prendre un gros râteau.
C’est venu tout seul
« S’il te plait.... dessine moi un poisson ? »
les sourcils toujours froncés, elle m'a regardé,puis.... elle m’a souri...
« Tu préfères pas un mouton ? »
« Un mouton ? »
« Oui. Le petit Prince, c’est dessine moi un mouton ! »
Le Petit Prince.. J’ai regardé vers les Deux frères, puisqu’il devait être là, le Petit Prince, avec.. la fée clochette ? et le gobi bleu ??
Puis je l’ai regardé à nouveau.
On s’est plus quitté.
En repartant de La Verne avec moi, elle chantonnait.....
Un truc qui parlait de vivre vieux et de faire bonne souche…


Louis VAISSE - Novembre 2008
Tout individu tentant un plagiat ou se livrant à une reproduction interdite sera frappé de la terrible malédiction du Gobie Bleu !!!!